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Génération Mitterrand

Et un de plus de billet, vous me direz en ce 10 mai 2011, sur cette accession au pouvoir du seul président socialiste que la Ve république ait connu.

Oui mais un billet différent, enfin j’espère parce que Tonton, j’ai grandi avec pendant la moitié de ma vie étant donné que je suis de 1981 en tant que président. Rappelons qu’il a fini sa carrière politique et de président en 1995 (pour nous filer entre les pattes quelques mois plus tard RIP).

Alors c’est qui pour moi Kermitterrand, bah on va dire que c’est lui qui représentait la chose publique pendant toute mon enfance. Après avoir été un opposant des plus farouches à cette Ve république, il en devenait le 4e président et ce pendant quatorze années.

Et j’en pense quoi de l’homme à la rose marchant vers le Panthéon, ses années de pouvoir sont pour moi synonyme d’un homme qu’on avait dans son salon avec ses littéraires voeux de fin d’année. Un gars de la famille, un vieil oncle que l’on écoute sans forcément approuver.

L’époque mitterrandienne est synonyme malheureusement à mes yeux de chômage de masse, d’un avenir flou pour cette génération Mitterrand dont je faisais partie et qui grandissait avec Tonton.

Et à vrai dire, ayant grandi dans une famille pas forcément engagée politiquement, d’un rejet d’une certaine idée de la gauche (qu’il incarnait) de ma part (faut dire que grandir dans une ville communiste ça aide pas non plus) et je ne comprends pas tout le raffut qui est fait en ce 10 mai pour l’anniversaire de cette accession au trône républicain de Mitterrand.

A-t-on fêté les 40 ans de 1958, les 30 de 1974 (VGE) ?

Non car cet anniversaire des 30 ans est un évènement purement médiatico-politique que je renforce à travers ce billet, j’en suis conscient.

Alors oui, si le rejet de la Ve république était un des combats politiques de Mitterand, il en a été un des plus rigides présidents dans sa façon de présider et au final en est des symboles qui a donné du grain à moudre à tous les extrêmes pour dire que cette Ve république était pourrie.

Et à vrai dire si je devais voter pour un homme de gauche se revendiquant de son héritage en 2012, j’aurais bien du mal.

Oui, Mitterrand a notamment permis la libéralisation des ondes radiophoniques, une politique culturelle des plus novatrices (sous l’impulsion du MINISTRE de la culture, quel bel homme !), la construction européenne et la réconciliation définitive avec l’Allemagne (enfin surtout la RFA), la seule femme Premier Ministre (Cresson qui ne lui dit pas merci) etc…

Cela a certainement aidé en partie le pays dans lequel nous vivons de ce jour.

Pourtant, à mes yeux, François Mitterand est aussi le président hautain qui refuse ses défaites électorales (1986) et mets des batons dans les roues de ses premiers ministres qu’il soit de son bord (Rocard) ou pas (Chirac). 1986, toujours, avec une manipulation électorale (proportionnelle aux législatives) qui permet à l’extrême droite de surgir brièvement au parlement de la république Française…

Un homme politique aussi qui n’a pas senti (pas assez visionnaire) que le vent tournait au niveau mondial figé dans une opposition Est/Ouest avec le petit anachronisme français au milieu. Rappelons que l’ami d’Helmut n’était pas forcément favorable à la réunification allemande et à la chute du bloc de l’Est.

Une politique sociale (un comble) en balançant par ici et par là des millions sans jamais traiter le fond qui a transformé les cités ouvrières (la politique de la ville est embryonnée en 1992 (suites aux événements à Vaulx en Velin avec pour Ministre, Tapie…) en oubliées de la République…

Et surtout ce qui me gène avec la mémoire que j’ai de lui c’est toutes les affaires : ses écoutes illégales, le black-out total sur son état de santé alors qu’il s’tait fait élire en promettant d’être le plus transparent dessus (suite à Pompidou), sa fille cachée (je me fous du fait qu’elle soit légitime ou pas) qui qu’on le veuille ou non a été élevée aux frais de la République sans qu’on le sache (surtout le fait de ne pas l’avoir dit).

Alors moi enfant de la génération Mitterrand, je retiens le personnage historique de notre pays qu’il a présidé et qui m’a accompagné pendant 14 ans mais pas l’homme politique obscur et l’homme tout court ni l’idôle qu’il semble être en ce 10 mai.

Et vous ?

Published inEngagéHumeur

6 Comments

  1. J’en ai à peu près la même image que toi. pour moi, François Mitterand, je le vois comme un pharaon, l’image même du monarque républicain.

    C’était sans doute l’un des plus farouche opposant à la 5ième république avant qu’il ne soit élu, et sans doute l’un de ceux qui a le plus profité du système une fois au pouvoir.

    Un grand homme – pour ne pas dire stratège – politique, mais définitivement pas un grand président.

  2. Des décennies de défaites électorales ont peut-être aussi aider à ce qui se lâche, une fois arrivé au pouvoir…

  3. R. R.

    Ok avec tous les points évoqués ci-dessus, il n’en reste pas moins que quand je pense à Mitterrand, le truc qui me vient immédiatement à l’esprit est l’abolition de la peine de mort malgré l’opinion publique de l’époque, adverse à cette idée.
    Pour cette seule marque de courage politique, j’aurais tendance à le placer un cran au-dessus de ses successeurs.

  4. Moi quand je pense peine de mort, je pense Robert Badinter 😀

    J’évoquerai alors sous VGE, la majorité à 18 ans+ la loi sur l’avortement aussi des grandes lois mais on ne porte pas ce président en triomphe mais plutôt à la raillerie non ?

  5. R. R.

    Badinter a été un extraordinaire porteur du projet, c’est certain, mais le risque politique a bel et bien été assumé par Mitterrand qui a déclaré son abolitionnisme *pendant qu’il était en campagne*.

    Est-ce que l’avortement et la majorité à 18 ans ont eu un impact significatif à l’instar de l’abolition de la peine de mort ? C’est certain. Est-ce les combats politiques pour en arriver là étaient comparables ? Pas sûr…

    Enfin, Giscard-le-romancier prête en effet à la raillerie. Giscard-le-politique, bien moins.

  6. D’accord sur le fonds 😀

    Pour le combat politique concernant l’avortement, je dirais celui pendant des décénnies des féministes dont Simone Veil s’est faite la porte-parole

    Au passage une adresse mail de contact valide serait sympa R. 😀

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