J’ai découvert une street artiste, BauBô, à travers une publication sur Instagram.
Après prise de renseignements sur le web, j’ai réussi à trouver son FB pour lui poser ces quelques questions tant son travail m’avait interpellé.
Bonjour BauBô !
Votre pseudo est-il une analogie aux espaces urbains de plus en en plus gentrifiés de nos villes ou plutôt une allusion à des maux de la vie ou encore doit-on aller chercher du côté de la mythologie grecque ?
Il faut aller chercher du côté de la mythologie grecque !
Plutôt parisienne ou provinciale pour origine et dans l’esprit ?
Je ne me définis pas par l’endroit où je vis et/ou je suis née. Je ne me sens ni parisienne, ni provinciale, ni française, ni blanche, ni femme, ni ni ni… Je suis, et c’est déjà assez difficile comme ça ! 😉
Vous faites des collages dans la rue, pouvez-vous nous en expliquer le principe ?
Je travaille d’abord chez moi le médium que j’ai décidé de mettre dans la rue. Je peux coller soit des impressions (comme par exemple les petits masques qui existent sur toile et que j’ai pris en photo avant de les imprimer) soit je créée des originaux sur du papier kraft blanc, à l’acrylique et aux poscas.
Ou encore, comme en ce moment avec ma nouvelle série TAGS, je prépare des carrés de crochet chez moi pour les accrocher sur du grillage dehors. Ensuite selon le médium que j’ai décidé d’utiliser pour m’exprimer, j’ai dans mon sac de la colle à papier peint, un pinceau, un seau, de l’eau, un baguette chinoise pour mélanger la colle quand je dois en refaire et un torchon parce qu’on en met partout, ou alors j’ai mes carrés de crochet, une pince coupante, des rislans et dans tous les cas mon appareil photo !
Ensuite, je parcours les rues pour trouver un mur (ou un grillage) qui me plaise où je repère à l’avance le mur dont j’ai besoin et j’y vais direct.
A Paris, Je colle plutôt le dimanche matin parce que les gens et la police dorment et que les rues sont tranquilles :).
La gestion de la rue n’est pas si simple même si ce n’est pas dangereux mais il y a toujours un stress lié à l’interdiction de coller donc il vaut mieux être en forme. Les matins où je suis KO, je n’essaie même pas !
Pourquoi tant de masques dans vos créations ?
J’essaie de donner aux passants l’impression d’être observés par le Féminin qui est symbolisé par l’utérus dans mon travail et qu’on retrouve dans chacun de mes masques.
Je l’explique ainsi sur mon blog :
« Le regroupement de ces masques par dizaine et collés les uns à côté des autres dans la rue, cherche à donner l’impression d’être observé par une entité : le Féminin. Les regards, qui filtrent de ces masques, préviennent qu’il est bien présent, même dévalorisé, qu’il observe et repère les lieux afin de prendre la place qui lui revient au fur et à mesure ou soudainement. Un féminin aussi bienveillant que combatif. Agressif que drôle. Craintif qu’intrépide. Et vital parce que, depuis des siècles, nous, êtres humains, boitons de sa dévaluation et de sa répression. »
Récemment, je colle des masques seuls de grande taille (80x110cm) que je créée pièce par pièce (j’en ai d’ailleurs collé 3 à Lyon) avec toujours la même idée d’observation mais avec une seule paire d’yeux XXL !
La Post-it war vous a t-elle inspirée sur certains de vos collages ? C’est ce que j’ai ressenti en voyant certaines de vos créations.
La Post-it War, ce serait les post-it collés sur les vitres d’immeubles de bureaux qui reproduisent des personnages de jeux vidéos ? Si c’est bien ça et que ça m’a inspiré, je ne m’en suis pas rendu compte 😉
Justement Pac-Man, Post-it War, un peu geekette sur les bords ?
Si on parle des jeux vidéos, non 🙂 ! mais l’univers du jeu est un moyen pour moi de mener une réflexion sur l’apprentissage de la vie par le jeu chez les petites filles et sur la capacité des femmes à jouer.
Beaucoup de petites filles apprennent très vite, par la pression sociale et familiale, à ne plus jouer et à se sur-responsabiliser pour se préparer à s’occuper des hommes et de la famille. Il leur est vite « interdit » de jouer. Ma série « Pacman vs Tetris » est un appel aux petites filles, devenues femmes, de réapprendre à jouer, juste pour le plaisir, pour reprendre possession d’elles-mêmes et de leurs vies.
Vous avez un blog, une page FB (perso), avez-vous d’autres moyens numériques pour diffuser vos œuvres ?
Je diffuse mon travail via mon blog : http://humanbaubo.blogspot.com et via Facebook : https://www.facebook.com/baubo.mmhm (et également via Instagram)
Et dans le réel, j’ai pu voir des expos, dans des galeries ainsi que des séries de T-Shirt, c’est ainsi que vous vous financez, que vous en vivez ?
Oui un peu de tout ça 😉
Ma curiosité concernant votre travail vient de collages de masques dans les rues de Lyon, blog lyonnais oblige, pouvez-vous nous indiquer où trouver vos œuvres dans les rues de Lyon ?
Je suis venue coller quelques pièces à Lyon en Juin. Deux passionnées de Street art, Noé Bab et Nadia Nys, m’ont fait découvrir la ville que j’ai traversée et découverte pendant de longues heures de marche. Je n’ai pas retenu tous les endroits où nous sommes allées, et où j’ai collé, mais il y avait le quartier de la Sucrière, les quais près du vieux Lyon, le quartier commerçant et..ooOOo. . Est-ce que les pièces ont résisté au temps ? à vous de me dire ! (Ndlr : il semblerait ^^)
Et ailleurs qu’à Paris et à Lyon ?
Je suis au début de mes pérégrinations, pour l’instant Lille et Lyon mais je vous tiens au courant de la suite 🙂
Je remercie Baubô de s’être prêtée au jeu de l’interview et promis c’est une artiste que je vais suivre attentivement !
Et puis si aux détours d’une rue vous trouvez une des oeuvres de Baubô dans nos rues lyonnaises, n’hésitez pas à me les mentionner 😀
Crédit Photo à la une STREETARTSHOOTERS
Merci pour le petit lien 🙂